16 mars 2008
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Dimanche 16 mars 2008
Voici, pour la vingt-huitième fois, le salon du livre de Paris qui ouvre ces portes. Et, pour la vingt-huitième
fois, je suis là (n’en déduisez pas que je m’y rends en fauteuil roulant ! ce serait exagéré !). Je fais partie des inconditionnels de cette manifestation, même si ce sont les marchands
du temple les grands gagnants, je persiste à dire merci à Jack Lang qui est à l’origine de cette manifestation (entre nous, il était encore de gauche à l’époque ! Comme quoi, en
vieillissant, on ne se bonifie pas ! Regardez Kouchner et autres donneurs de leçons…). Je suis allé sur le site du salon. Je voulais en dresser un historique relatif. Vous l’avez,
ici :
2008 : En cours, voyons ! Porte de Versailles
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2007 Pas d’infos précises sur le site du Salon Porte de Versailles
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2006 - 17 au 22 mars - Porte de Versailles
174 000 visiteurs Francofffonies! invité d'honneur : Auteurs invités Création du Carton de vernissage : Barbara Bui (couturière) |
2005 - 18 au 23 mars - Porte de Versailles
165 000 visiteurs La Russie invitée d'honneur : Auteurs invités Création du carton vernissage : Gaspard Yurkievich (couturier) |
2004 - 19 au 24 mars - Porte de Versailles
185 000 visiteurs La Chine invité d'honneur : Auteurs invités Création du carton vernissage : Fanfan Li pour Céline (couturier) |
2003 - 21 au 26 mars - Porte de Versailles
185 000 visiteurs La Flandre et les Pays-Bas invités d'honneur : Auteurs invités Création du carton vernissage : Benoît (illustrateur) |
2002 - 22 au 27 mars - Porte de Versailles
219 000 visiteurs L'Italie invitée d'honneur : Auteurs invités Création du carton vernissage : Giorgio Armani (couturier) |
2001 - 16 au 21 mars - Porte de Versailles
235 000 visiteurs L'Allemagne invitée d'honneur : Auteurs invités Création du carton vernissage : Karl Lagerfeld (couturier) |
2000 - 17 au 22 mars - Porte de Versailles
241 000 visiteurs Le Portugal invité d'honneur : Auteurs invités Création du carton vernissage : Yves Saint-Laurent (couturier) |
1999 - 19 au 24 mars - Porte de Versailles
223 000 visiteurs Le Québec invité d'honneur : Auteurs invités Création du carton vernissage : Sonia Rykiel (couturier) |
1998 - 20 au 25 mars - Porte de Versailles
220 600 visiteurs Le Brésil invité d'honneur : Auteurs invités Création du carton vernissage : Christian Lacroix (couturier) |
1997 - 12 au 17 mars - Porte de Versailles
210 000 visiteurs Le Japon invité d'honneur : Auteurs invités Création du carton vernissage : Jean-Charles Castelbajac (couturier) |
1996 - 22 au 27 mars - Porte de Versailles
201 101 visiteurs Les Etats-Unis invités d'honneur : Auteurs invités |
1995 - 17 au 22 mars - Porte de Versailles
181 141 visiteurs L'Espagne invitée d'honneur : Auteurs invités |
Après 14 ans au Grand Palais – qui avait ma préférence très nette – celui-ci ayant été mis en réfection, le Salon fut transporté à la Porte de Versailles, Palais des Expositions
que je n’aime pas (froideur des nouvelles architectures)
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1994 - 23 au 28 mars - Porte de Versailles
175 000 visiteurs L'Italie invitée d'honneur |
1993 - 17 au 22 mars - Grand Palais
150 113 visiteurs |
1992 - 20 au 25 mars - Grand Palais
153 656 visiteurs L'Espagne invitée d'honneur |
1991 - 22 au 27 mars - Grand Palais
147 830 visiteurs |
1990 - 24 au 28 mars - Grand Palais
136 046 visiteurs |
1989 - 19 au 25 mai - Porte de Versailles
137 432 visiteurs L'Allemagne invitée d'honneur |
1988 - 14 au 20 avril - Porte de Versailles
201 952 visiteurs La Grande-Bretagne invitée d'honneur |
1987 - 19 au 25 mars - Grand Palais
209 254 visiteurs |
1986 - 20 au 26 mars - Grand Palais
182 365 visiteurs |
1985 - 22 au 27 mars - Grand Palais
174 764 visiteurs |
1984 - 23 au 28 mars - Grand Palais
159 061 visiteurs |
1983 - 15 au 20 avril - Grand Palais
132 751 visiteurs |
1982 - 26 au 31 mars - Grand Palais
120 000 visiteurs |
1981 - 23 au 27 mai - Grand
Palais
117 000 visiteurs |
A vue de nez, on peut voir que la progression fut constante de 1981 à 2001, puis une baisse sensible qui
continue actuellement. Effet de société qui ne veut plus lire ? Ou de pouvoir économique – les livres coûtent chers ! – qui peut le dire ?
Après cette mise en bouche, je vous raconte ma visite. Au fait, avez- vous regardé la vidéo
que j’ai conçu pour vous dans la douleur de l’enfantement ? Non ! Il va y avoir des punitions !!
Samedi, heure indéfinie mais tôt pour un samedi, je m’extrais de mon plumard. A tâtons je parviens dans la
cuisine où je me sustente fébrilement. Soja, café (non, pas de pousse café, je n’en suis pas encore là), pain, miel (depuis ma lecture des Mille et une nuits, je suis un adepte du miel.
Lisez-les, vous comprendrez pourquoi). Petit coup de décrassage rapide – je ne suis pas fan de la douche à tout crin dont tous usent alors qu’ils n’ont fait aucun effort pour se salir !
Enfin ! Chacun son truc ! Direction la gare. Un train file devant moi. Impossible de le rattraper. Attente.
C’est parti :
Voyage sans encombre jusqu’à Paris. Puis métro quelque peu bondé ! Jusqu’à la porte de Versailles. Enfin,
le Salon.
Attente. Entrée. Fouille car, sait-on jamais… Je me fais houspiller car j’ai un canif sur moi (il ne me quitte pas depuis plus de 40 ans !). J’ai envie de calotter ce petit idiot de gamin. Je parlemente. Non, je garde mon canif. Avec ça, je ne risque pas de tuer quelqu’un… sinon, j’aurais commencé par ce petit pédant, imbu de ses petits pouvoirs. Intervention d’un de ses collègues qui hausse les épaules et lui dit : ça suffit. Je passe.
Re-queue à la caisse. 7 € l’entrée ! C’est cher et il ne donne même pas un bouquin en échange. Il y a 3
ans c’était 4,50 €. Cher déjà, mais là… l’ère Sarko : gagnez plus en truandant plus !
Enfin dans la place !
Direction les éditeurs dits « petits » et ceux des DOM-TOM. Leurs livres ne se trouvent pas en
librairie. Donc, ce sont eux que je viens voir. Les éternels Gallimard, Le Seuil, Flammarion, … on les trouve partout. Il pourrait se dispenser d’être sur ce salon, non ?
Je navigue dans les allées et vois un petit stand avec un grand
monsieur :
Max Élisée, né le 26 avril 1947 à Macouba en Martinique.
Mémoires d'un Chabin, publié en 2000, réédité en 2002. Un chabin est un noir né blanc de peau. Ce qui arrive de temps à autre. Cette
particularité lui donne, d’après la superstition, certains pouvoirs de voyance …
Un jour, je te dirai..., 2003
Le Kishkanu Noir, ou le songe du Flamboyant, 2007
Max Elisée est un homme sympathique et direct. Je lirai volontiers ses livres dans un avenir proche. L’écriture
est proche de celle de Chamoiseau, paraît-il.
J’en profite pour ouvrir une parenthèse et vous recommander « Hadriana dans tous mes rêves » de
René Depestre, magnifique roman qui se déroule à Haïti.
Plus d’infos ? http://www.lehman.cuny.edu/ile.en.ile/paroles/elisee.html
Nous avons discuté un moment. Il m’a expliqué que son roman Le Kishkanu Noir, dernier né, se déroule
du Vaucluse (où il habite actuellement) à la Martinique (où il se rend tous les 3 ans environ). En riant, il me glisse « C’est un roman du Mont Ventoux à la montagne Pelée ». Photo. Pas
de doute, ça commence bien.
Je traverse une allée et me retrouve au stand des îles du
Pacifique :
Vanuatu, Wallis, Futuna, la Nouvelle Calédonie.
C’est cette dernière île qui m’attire. J’y ai vécu une partie de ma jeunesse et garde une grande nostalgie de
mon séjour. J’ai habité Nouméa, ville bigarrée et joyeuse. Puis Hienghène, patrie de l’indépendantiste Jean-Marie-Tjibaou. Hienghène signifie dans la langue, « celui qu’on pleure », et
c’est bien ainsi que je l’ai vécu et que je le vis encore. C’est étrange qu’un endroit aussi beau, ait été le lieu de crimes épouvantables (10 mélanésiens assassinés dans une embuscade par des
personnes que je connaissais bien et qui, certes, étaient un peu exaltées, mais…Deux frères de Tjibaou furent tués. Ils habitaient à côté de chez moi.). Nostalgie !
J’ai rencontré là, Hamid
Mokaddem qui a « commis » me dit-il, un livre sur Tjibaou « Ce souffle venu des ancêtres, l’œuvre politique de JM Tjibaou ». Nous avons parlé un moment. Il m’a
appris que la côte Est (où se situe Hienghène) était désertée par les blancs à l’exception de Touho (où il a habité et connu de mes amis de ce lointain pays) et Poindimié. « Les temps
changent » dit-il en souriant. Oh combien, oui !
Fils d’immigré algérien en France, Hamid Mokaddem a découvert la Nouvelle-Calédonie en 1989. Ecrivain et
éditeur, il y enseigne la philosophie. Son dernier ouvrage, Ce souffle venu des ancêtres... L’œuvre politique de Jean-Marie Tjibaou (1936-1989), analyse l’action et la vie du grand homme
politique kanak.
Pour en savoir plus : http://litteratures-outre-mer.rfo.fr/article8.html
D’allées en allées, d’auteurs photographiés à d’autres, j’arrive vers un stand dont les couleurs
chatoient : Publibook
Là, je réalise quelques photos, puis m’approche d’un homme souriant. Nous discutons longtemps.
Homme chaleureux, poète serbe émigré en France depuis 1963, il me raconte son peuple et sa douleur de le voir ainsi mourir. Il s’appelle Zivojin Zika PAVLOVIC.
Homme chaleureux, poète serbe émigré en France depuis 1963, il me raconte son peuple et sa douleur de le voir ainsi mourir. Il s’appelle Zivojin Zika PAVLOVIC.
Le temps passe sans nous arrêter. Soudain, il me dit « Je vous offre mon livre.
- Pourquoi ?
- Par amitié entre nos peuples. Et puis, parce que nous avons parlé ensemble et, ça … »
Sa femme vient nous rejoindre. Nous parlons un peu de tout. Il me demande de lui écrire. Evidemment, je le
ferai. C’est si rare de rencontrer des personnes chaleureuses.
Un petit poème de lui, extrait de son livre « Les filles du monde »
Un jour
Quand je disparaîtrai
dans les nuages de la mort.
Regardez des fois le ciel,
peut-être que ma larme tombera
avec la pluie et arrosera la fleur de la jeunesse
et les routes où nous passions ensemble.
Paris, 12 décembre 2000
Sa femme traduit ses livres de poésie.
En savoir plus ? http://www.publibook.com/boutique2006/detail-1800-14-0-20-PB.html
J’ai continué mon errance dans ces allées de plus en plus emplies de
monde.
Provinces, Bourgogne, Ile de France, Alsace, … et je suis arrivé, après la Belgique et Geluck, le père du
fameux Chat, face au stand canadien.
Rencontre avec une
écrivaine canadienne : Mona LATIF-GHATTAS.
Egyptienne de naissance, émigrée à 19 ans au Canada où elle vit et écrit. Femme sympathique qui m’incitera
durant notre entretien, à venir au Canada. Oui, mais, il fait trop froid ! L’été, c’est supportable. Il fait beau. Nous rions. Vous savez, vous viendrez un jour. Hum… j’ai des doutes. Il ne
faut douter de rien. Elle a un petit accent charmant qu’elle a attrapé au contact de nos cousins du Québec.
Petite biographie : Le Caire, le 7 août 1946, naissance - Poète, romancière, adepte de récitals,
compositrice de musique populaire et metteur en scène, Mona Latif-Ghattas vit à Montréal depuis 1966. Elle a étudié le théâtre à l'Université du Québec en 1976 et elle a obtenu une maîtrise en
création dramatique de l'Université de Montréal en 1980.
Bibliographie sommaire : Ambre et lumière, 2006 – Momo et Loulou, 2004 - …
En savoir plus ? http://monalatifghattas.ca/bio.htm
J’ai continué ma longue marche comme aurait dit Mao.
Au détour d’un stand, je rencontre une personne que je connais bien, avec qui j’ai suivi il y a longtemps, une
journée d’écriture.
Victor Bouadjio, écrivain, animateur d’ateliers d’écriture, directeur
des éditions Ecrire Aujourd’hui dont vous connaissez sans doute le magazine.
Français d'origine camerounaise, Victor Bouadjio est romancier, essayiste et directeur de la revue littéraire
francophone ECRIRE MAGAZINE. Le siège social de la revue est basé à Cholet. C'est donc tout naturellement qu'il est devenu un ami sincère et coopérateur de l'association ENCRES VIVES. En 1990,
avec son roman "Demain est encore loin", il obtient le Grand Prix de l'Afrique noire. Il publie, et coécrit, en 1995, SCRIPTOR, le monde de l'écrit et de l'édition, aux éditions Ecrire
Aujourd'hui. En 1998, édité par l'Institut de Monde Noir, il fait un bilan dans un essai "ESCLAVAGE, 150 ANS APRES". En 1999, aux Editions de l'Hèbe, un second roman "LE MBA".
Actuellement, Victor termine un nouveau roman. Nous parlons d’hier et aussi de nos projets. Je lui parle de mon
blog sur lequel il viendra sans doute. A bientôt Victor.
En savoir plus ? http://pagesperso-orange.fr/encres.vives/victor.html
Ainsi qu’un retour sur un blog écrit par une ancienne condisciple : http://sylvielasserre.blogs.com/mon_weblog/2005/02/victor.html
Un peu fatigué. Je n’ai pas chômé, une fois de plus. Mais, le plaisir, hein …
Et j’ai marché, marché, …, un jour pour … (air connu, non ? évidemment, les paroles ...)
J’ai rencontré le Brésil, isolé dans un coin, avec des romans intéressants mais si peu traduits … J’ai croisé
bien des chemins autres : J’ai entraperçu les invités du Salon : Israël. Hélas, la foule me pressurait, me tanguant de-ci de-là, et j’ai tout juste réussi à photographier Israël de
loin.
J’ai marché, encore et encore.
Je suis arrivé au stand des éditions de l’Olivier où beaucoup attendait Véronique Ovaldé. Je me suis mis dans la file d’attente après avoir été rabroué par une femme furieuse que je n’aie pas remarqué que la queue s’effectuait de l’autre côté. Etrange comme les femmes sont agressives en ce moment. Je me demande pourquoi elle l’était, vu que, lorsque j’ai constaté mon erreur, je me suis excusé et suis allé à la 2ème queue… enfin… Toujours est-il que
Véronique est arrivée et, avec un grand sourire sympathique, a dédié son livre.
Biographie de Véronique Ovaldé
Après le bac, direction l'école Estienne où
Véronique
Ovaldé passe un BTS édition, une façon comme une autre d'entrer dans le milieu littéraire lorsque l'on ne fait pas partie de ce cercle très fermé. Elle
reprend des études de
lettres par correspondance, travaille comme chef de fabrication et publie en 2000 un premier roman, 'Le Sommeil des poissons'. En 2002, elle signe, avec 'Toutes choses scintillant', une seconde œuvre remarquée. Elle publie en 2005 'Déloger l'animal',
une œuvre
incontournable de la rentrée littéraire. Dans son roman à la fois sombre et merveilleux 'Et mon cœur
transparent' sorti en 2007, Véronique Ovaldé réussit de nouveau à créer un univers singulier.
Je parlerai de ce roman un autre jour.
Je parlerai de ce roman un autre jour.
En savoir plus ? http://pagesperso-orange.fr/mondalire/ovalde.htm
Mon téléphone portable sonne. Ma femme me somme de venir à la sortie. La chaleur est telle
qu’elle veut aller s’aérer les poumons. Dommage ! J’avais encore quelques têtes à voir. Je ne puis continuer mes interviews et, un peu triste, mais bien épuisé, je rejoins le devoir conjugal
… oh, pardon, ma douce moitié !
A bientôt.
Socrate, je suis.